"L'apprenti
sorcier", David Bronstein, n'est plus
( source FFE 07 déc 2006 )
Tristesse
profonde du monde des échecs. David Bronstein, cette grande figure des
échecs mondiaux, cet apprenti-sorcier, comme lui-même se nommait, s'en
est allé, le 6 décembre 2006, à Minsk, à l'âge de 82 ans.
Photo
: à d., David Bronstein (Cap d'Agde 2003)
Les participants du
Cap d'Agde 2003, ses camarades de club du Paris Chess XV, les personnes
qui l'ont rencontré se souviendront avec émotion de ce petit homme,
génie créatif aux échecs, à l'attitude chaleureuse, racontant avec
verve ses aventures échiquéennes. Sous cette bonhommie se cachait une
grande force de caractère, c'est ainsi qu'il refusa en 1976 de
condamner publiquement Viktor Korchnoi, lorsque celui-ci se réfugia aux
Pays-Bas. Une attitude courageuse qui lui valut des années d'ostracisme
des compétitions de haut niveau en URSS et le tint éloigné des grandes
compétitions internationales.
Ce maître
tactictien, auteur de sacrifices brillants, considéré comme l'un des
forts joueurs de son époque (2 fois champion d'URSS, 6 titres de
champion de Moscou, de nombreuses médailles lors de différentes
Olympiades) ne fut jamais champion du monde. Il s'en approcha de très
près en 1951, lorsqu'il fit match nul (12-12) face à son compatriote
Mikhail Botvinnik, champion du monde en titre, qui garda la couronne
mondiale grâce à cette égalité. Par la suite, David Bronstein ne connût
pas d'autre opportunité.
Son talent ne
s'exprimait pas uniquement sur l'échiquier. Il fut également l'auteur
de nombreux articles et ouvrages, dont les plus connus sont
l'extraordinaire "L'Art du combat aux échecs (Zurich 53)", un ouvrage
de référence, où il offre aux lecteurs, selon ses propos, "la
substantifique moëlle" du jeu d'échecs (cet ouvrage a été reédité
récemment chez Payot) et "L'apprenti-sorcier", qui témoigne de sa vie
et de ses parties.
La défense
Est-indienne, considérée comme douteuse avant la 2e guerre mondiale,
lui doit sa réhabilitation...
... et nous, lui
devons des moments enchanteurs. Laissons la parole à ce grand monsieur
des échecs :
"Les échecs,
c'est l'imagination... Vous n'êtes pas obligé de jouer le meilleur
coup. Un coup doit être actif, entreprenant, correct et beau."
D'autres témoignages
sur echecs64
(blog de Christophe Bouton), Echecs
Info (blog de Pierre Barthélémy, journaliste au "Monde"), ChessBase, etc.
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